Histoire de l’orgue

Naissance de l’orgue

« En 1623, une paire d’orgues de 4 pieds, de hauteur et grosseur convenables, garnies de ses soufflets et autres ustensiles, fut achetée à Jean Moutton, prieur et curé d’Egry, moyennant 300 livres tournois ».
C’est dans cet extrait de La Petite Histoire de Pithiviers, de M. l’abbé Moufflet, que l’on trouve les premières traces de la présence d’un orgue au sein de la paroisse communale.

Cependant, l’histoire de l’instrument actuel commence réellement en 1784. Cette année-là, l’abbé Regnard, curé de Pithiviers, décide de faire construire un grand orgue de huit pieds au sein de son église. Pour cela, il fait appel au facteur d’orgues Jean-Baptiste Isnard, installé à Orléans. Ce premier instrument subsiste et constitue la partie centrale de l’orgue actuel (les trois tourelles centrales du grand buffet, et le petit buffet en encorbellement, également appelé «Positif»)

Deux ans plus tard, l’abbé Regnard décide d’agrandir cette première réalisation, et demande à Jean-Baptiste Isnard d’y ajouter deux ailes de seize pieds (les deux grandes tourelles latérales du grand buffet). L’orgue devient donc ce qu’il est convenu d’appeler un « Grand Seize Pieds ». Il possède 42 jeux, répartis sur les 4 claviers traditionnels à l’époque : Positif, Grand-Orgue (claviers complets), Récit et Echo (1/2 claviers), et un Pédalier.

L’instrument a coûté cent mille livres, somme très important pour l’époque, que l’abbé Regnard sembla payer de ses propres deniers. L’orgue fut inauguré le 3 août 1789 et fut miraculeusement épargné par les manifestations violentes, incendies, et autres mutilations infligées aux statues et sculptures qui accompagnaient l’orgue.

Première restauration : l’orgue symphonique

Un siècle plus tard, une restauration étant plus que nécessaire, Mr Chabot, alors curé de Pithiviers, s’adressa à la grande firme Cavaille-Coll, propriété d’Aristide Cavaille-Coll, célèbre créateur de l’orgue « symphonique », instrument puissant construit par plans sonores parfaitement traités et cherchant à imiter l’orchestre dans son ordonnancement (cordes, bois, cuivres). Ces orgues créeront une musique très riche et variée, avec différentes sensibilités, et complètement renouvelée dans son architecture. Une fois la restauration et la modernisation terminée, l’instrument dispose de 45 jeux répartis sur 3 claviers complets et d’un pédalier. Il est également muni des derniers perfectionnements techniques comme les pédales d’expression ou de combinaison, ou les leviers de transmission pneumatique. L’inauguration en est faite le 23 juin 1890 par Alexandre Guilmant.

La renaissance de l’Orgue d’Isnard

Les années passent, et 70 ans plus tard, aucun entretien n’ayant été effectué, l’instrument se trouve dans un état déplorable. En 1960, des travaux sont entrepris grâce au soutien de la Mairie et du Conseil Général, et l’on contacte le facteur d’orgues Robert Boisseu, qui, en examinant la tuyauterie, y découvre, sous une imposante couche de poussière, qu’une grande partie des tuyaux d’Isnard est toujours en place ! En effet, l’orgue possède en fait 27 jeux de facture ancienne, dont 24 authentiques d’Isnard, sur les 45.

Il est alors décidé de tenter de reconstituer au maximum le premier orgue du XVIIIème siècle. Néanmoins, un certain nombre d’apports de Cavaille-Coll sont conservés, l’immensité de l’instrument le permettant.

La restauration est donc entreprise selon cette volonté par Robert Boisseau.

Le facteur poitevin s’attache donc tout spécialement à la tuyauterie ancienne, tandis que la mécanique de Cavaille-Coll, moins abîmée par le temps, et demeurée dans un état convenable, sera simplement démontée afin d’être révisée.

L’esthétique de l’orgue après rénovation

L’orgue compte actuellement 49 jeux, répartis sur 3 claviers manuels et un pédalier. Sur ces 49 jeux, 24 sont authentifiés d’Isnard et 3 sont les œuvres de facteurs contemporains ou appartenant à la période classique (Clicquot et Dallery), soit un total de 27 jeux anciens authentiques.

Si l’on y ajoute les 8 jeux refaits par Robert Boisseau à partir de l’esthétique ancienne, on dispose au total de 35 jeux de facture classique (presque tous en étain martelé, y compris les jeux neufs) pour exécuter la musique de cette époque.

Cependant, l’orgue a gardé, comme prévu lors de la restauration, un certain nombre d’ajouts de Cavaille-Coll, ce qui permet d’y jouer également les auteurs romantiques et modernes.

L’orgue de Pithiviers est donc un orgue classique, auquel viennent se superposer, avec une rare osmose, les éléments de musique romantique du XIXème siècle, ce qui lui valu une redéfinition en « orgue de synthèse ».

L’orgue de l’église St Salomon – St Grégoire de Pithiviers est classé «Monument Historique» depuis la restauration de 1962 ; le buffet, l’étant, quant à lui, depuis 1914.